Un doigt sur la détente

Le leitmotiv Acceptation

« Apprendre à lâcher prise, ralentir, etc »

A vos yeux, ces mots ne paraissent-ils pas trop simples ?
Ils sont prévenants, mais est-ce suffisant ?
Ils sont rassurants, mais assurent-ils l’action nécessaire pour véritablement tendre vers un meilleur ?

L’immobilisme est contraire à la vie. Pourtant, ces types de formulations favorisent bien souvent l’inaction. Peut-être que je ne maitrise pas assez le principe, mais je ne perçois pas comment une telle conception valorise des attitudes qui nous mènent à des résultats concrets et constructifs.

Attention, je tiens à préciser que je suis d’accord avec le fait que nous manquons, en règle générale, de bienveillance avec nous-mêmes et avec les autres.

Or, quand on partage ou adhère à ce type de philosophie de vie, n’oublions pas que ce n'est pas parce qu’un conseil est bien intentionné qu’il est forcément approprié.

Exemple : une personne en surpoids tombe sur un écrit prônant « l’anti culpabilité » selon lequel quelques kilos en trop ne serait pas si grave et que le plus important est de s’accepter tel que l’on est. Pas si simple !

Sans nécessairement être défenseur d’un physique parfait (pour reprendre l’exemple) ou vouloir correspondre à d’éventuelles normes sociétales et/ou culturelles, force est de reconnaître que de tels propos empêchent de regarder les choses en face et ne seraient, au final, pas d’une sincère aide réparatrice.

Prenons un contre exemple : après des années de régimes restrictifs ou tout autre mauvais choix en termes de santé, il est fort possible, si vous êtes dans cette situation, que votre organisme ne s’en sorte pas indemne. Votre corps s’est adapté, utilisant tant bien que mal le peu d’énergie mise à disposition.

Dans ce cas, une phase de relance métabolique peut être envisagée. Elle consisterait, progressivement, à donner la possibilité à votre corps de se rétablir. N’étant plus habitué à tant de générosité, celui-ci peut interpréter le message de la manière suivante : « Profite de ce moment de répit et fait des réserves ! »

Autrement dit, bien que cela ne soit absolument pas le but initial, il est probable que cette période entraîne une prise de poids. Dans cette configuration, il serait envisageable, dans une certaine mesure bien sûr, d'accepter la situation - “trust the process”.

Nuances tout de même, une relance métabolique maîtrisée et appropriée n’implique pas de manière automatique une augmentation des calories et par extension un gain de poids.

Voir notre podcast : Fromage, sucres, etc. Sommes-nous en train de vous recommander ce que vous avez toujours rêvé d’entendre ?

L’ignorance protège au même titre que l’orgueil rassure et la vanité conforte. A l’inverse, apprendre et remettre en question sont des formes de responsabilisation menant à une liberté. Edgar Morin parle de « lutte contre la suffisance ».

L’acceptation est souvent décrite comme l’art d’apprendre à accepter ce que nous ne pouvons changer. Je trouve l’idée très intéressante !

Toutefois, en pratique, il demeure compliqué de distinguer les situations que nous pouvons changer de celles que nous devons accepter. La fatalité a bon dos. A titre personnel, elle me dérange, même si j’admets avec candeur que nous ne sommes pas tous égaux à plusieurs niveaux. Mais je veux juste en venir là : ne rendons pas toujours les choses plus faciles qu’elles ne le sont en réalité.

Ce n’est pas une chose évidente car parfois notre cerveau joue contre nous. Au delà du fait que, pour une raison de survie évidente, il a tendance à se focaliser sur le négatif (i.e. potentiel danger), il y a ce que l’on appelle en psychologie un mécanisme connu sous le nom de la pensée heuristique.

Dans certaines de nos prises de décisions, des jugements difficiles sont nécessaires. Hors souvent, nous préférons un jugement dépourvu d’effort. Nous sommes inconscients de cet effet de substitution qui n’est ni plus ni moins qu’un saut hâtif aux conclusions !

On nous pose une question compliquée, et nous répondons à une autre plus simple, et le plus souvent cela fonctionne très bien, très souvent, même. Parfois, cela nous égare complètement et un cercle vicieux se perpétue.

Mes propos ne sous-entendent pas de voir sans cesse le négatif. Une possibilité d’amélioration est possible ? C’est positif ! L’interprétation (des faits, des mots) conditionne la majorité de nos états (humeurs, réactions).

Le bénéfice le plus probant du processus d’acceptation réside selon moi dans sa capacité à réduire le sentiment de culpabilité et vous savez peut-être à quel point celui-ci s’observe chez les personnes prenant un tantinet soin d’eux ! Le moindre écart dans leurs habitudes peut les angoisser.

Soyons agiles pour percevoir les nuances gravitant autour du sujet.
Il faudrait accepter nos limites et mettre en place un contexte exempt d’insatisfactions ?
Il faudrait accepter les événements et cesser de se battre pour se permettre de mieux les apprivoiser ? Je ne pense pas, du moins pas tout à fait.

Nous pourrions trouver des similitudes avec le concept de Résilience mais j'aimerais insister sur les quelques différences qui subsistent.

L’acceptation désigne la capacité de traverser des événements pénibles sans nous y opposer constamment. Une adaptation passive, qui repose sur la seule et unique manière de modifier sa façon de percevoir les divers changements de la vie pour, à priori, y faire face plus efficacement.

La résilience, quant à elle, est plutôt une aptitude qui se développe au quotidien dans un but d’anticipation des risques liés à l’incertitude de demain. Et cela passe par des actes.

S’intègre enfin dans cette critique la dimension physiologique : on ne parle pas seulement d’un set-up d’esprit. Quand on veut, on peut ! entend t-on souvent. Je préfère soutenir l’inverse : quand on peut, on veut. Comprenez par là que notre volonté dépend des moyens, autrement dit, entre autres (si ce n’est exclusivement !), de nos niveaux d’énergie disponibles. Nous y reviendrons.

Le leitmotiv Toujours plus

Parfois, c’est l’inverse dont nous sommes victimes.

Les lois du marché s’appliquent au niveau individuel et imposent de demeurer compétitif.

Il y a plusieurs barrières empêchant d’accéder au repos du corps et de l’esprit :

"Il faut du courage pour se reposer dans une culture où l'épuisement est considéré comme un symbole de statut" affirmait Brené Brown.

→ Notre attention est constamment sollicitée.
→ Le stress nous perpétue dans une forme d’addiction malsaine.

Exemple 1 : cas classique du sportif. Les dimensions psychologiques (i.e. quête du résultat) et physiologiques (i.e. aspect hormonal) s’entremêlent pour conduire à cet effet addictif.

Exemple 2 : cas d'un travailleur obstiné. Si je m’arrête, je flanche ! ai-je déjà eu l’occasion d’entendre autour de moi.

→ La tendance sociétaire est résolument tournée vers l’apparence physique. Par exemple, la restriction calorique (dans certaines mesures) augmenterait le stress psychologique chronique et la production de cortisol.

L'endocrinologue hongrois Hans Selye soutient que tous les stimuli (entendez par là le moindre geste, la simple interaction avec notre environnement comme le fait de respirer) ont des effets uniques et spécifiques sur notre physiologie tout en partageant un effet commun qui se produit au niveau bioénergétique : chaque demande/stimuli augmentent l’utilisation de l’énergie.

En d’autres termes, il existe bel et bien une réponse spécifique de l’organisme en fonction de la situation. Par exemple, le corps réagit au froid en produisant de la chaleur, à l’effort physique en sécrétant des hormones, etc. Mais quelle que soit la nature de la demande, la réponse puisera sa source au niveau des réserves énergétiques de l’organisme.

Si l’ampleur de l’événement stressant ne dépasse pas les capacités/réserves, l’organisme n’en subira pas les conséquences et un jeu d’équilibre se créera. À l’inverse, si les ressources sont insuffisantes, autrement dit que notre organisme ne peut gérer la quantité de stress imposée, des problèmes menacent d'apparaître.

Que faut-il comprendre de la vision d’Hans Selye ?

Etant donné que les effets énergétiques sont communs à tous les stimuli, ils sont cumulatifs. Alors, pour déterminer le stress total subi, il faudrait prendre en compte tous les intrants bioénergétiques de l’ensemble des facteurs environnementaux. Nous savons que les potentiels sources de stress sont multifactorielles, omniprésentes mais aussi insaisissables !

Je veux dire, on perçoit aisément qu’un conflit avec l’un de nos proches nous fait monter en pression ou bien qu’un entraînement physique nous sollicite intensément, mais sommes-nous en mesure de ressentir les petits poisons qui nous consument à petit feu (pollution atmosphérique, exposition aux lumières bleues, etc) et ce, pendant des années ?

Dans ce contexte si complexe et en conclusion de ce qu’il a pu être proposé dans cet article, je ne vous souhaite non pas du courage, mais beaucoup d’énergie !

Hugo Martinez

co-fondateur du projet résilience
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