5 points pour gérer son temps

Introduction

Notre premier article sur le temps était consacré plutôt à la partie théorique : qu’est-ce que le temps ? Pourquoi avons-nous l’impression qu’il passe toujours plus vite ? Impossible de donner une seule réponse à ces vastes questions qui, comme d’habitude, dépendent du contexte de chacun.

Certains perdent leur temps à occuper leur esprit à des choses futiles pour refuser de se confronter aux parties moins joyeuses de l’existence. D’autres travaillent d'arrache-pied pour obtenir un salaire un peu plus élevé, afin de s’acheter plus d’objets que le capitalisme leur fait passer pour  la source du bonheur dont ils ne pourront même pas profiter.  

Dans la plupart des cas, avoir l’impression de perdre du temps ou de voir le temps passer trop vite est désagréable. Cet article a donc pour but de vous donner quelques conseils pour vous aider à reprendre en main le temps dont vous disposez et la perception que vous en avez.

Perdre du temps, prendre du temps, est-ce la même chose ?  

Généralement, une perte de temps renvoie à une période durant laquelle nous nous ennuyons, ou lorsque nous faisons quelque chose contre notre gré : être pris dans des embouteillages ou dans l’algorithme de YouTube, c’est perdre du temps.

Finalement, ce n’est même pas la perte de temps, ni son accélération, qui est désagréable, mais la perte de contrôle du temps.

Prendre du temps pour soi, par exemple, n’est pas une perte de temps (contrairement à ce que certains pensent), puisque nous choisissons et assumons de prendre ce temps. Il existe même des moments, ce flow dont parlait le psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi, où le temps passe extrêmement vite, parce que justement, nous sommes plongés tous entiers dans une activité qui nous passionne. Dans ce cas, nous ne perdons pas de temps, au contraire, nous le vivons pleinement !  

Cependant, ces moments précieux sont rares, puisque nous ne prenons pas le temps de faire des choses qui nous plaisent réellement ! Nous arrivons en fin de journée, frustrés en nous rendant compte que nous avons échoué dans nos missions du quotidien, tout en restant dans la routine du métro boulot dodo qui effraie tant de gens. Réussir à reprendre le contrôle et à prendre du temps pour soi, pourrait donc diminuer le stress, mais aussi améliorer son estime personnelle.

Note : il existe évidemment des personnes qui adorent leur travail, mais c’est peut-être aussi parfois le piège, de ne plus pouvoir s’arrêter “à cause” de notre passion, alors que notre corps et notre esprit en ont besoin.

Point bonus pour ceux qui souhaiteraient tout de même améliorer leur productivité :  le temps est un incubateur d’idées !
Steven Johnson, dans une de ses interviews, confère avoir étudié pendant plusieurs années la question d'où viennent les bonnes idées ? Selon lui, c’est un problème qui nous intéresse tous intrinsèquement. Nous voulons être plus créatifs et curieux, et souhaitons arriver à de meilleures idées en sollicitant des systèmes d’organisation toujours plus innovants.
Johnson a examiné ce problème depuis une perspective environnementale. Quels sont les espaces qui ont historiquement conduit à des taux inhabituels de créativité et d'innovation ?

Il a appelé un modèle l'intuition lente. Selon ce modèle, les grandes idées ne viennent presque jamais dans un moment de découverte, dans un éclair d'inspiration. Les idées les plus importantes mettent beaucoup de temps à évoluer et elles passent beaucoup de temps en dormance en arrière-plan.

L’idée n'existe pas jusqu'à ce qu’elle ait eu deux ou trois ans et parfois même 10 ou 20 ans pour mûrir et qu'elle devienne tout à coup un succès à vos yeux et vous soit utile d'une certaine manière. C’est en partie parce que les bonnes idées viennent de la collision de petites intuitions qui ont respectivement besoin de temps pour incuber.

Force est de constater qu’à part lorsque l’on dort, nous ne laissons pas souvent notre cerveau au repos. Et encore, contrairement à ce que l’on pense, l’activité cérébrale est très intense pendant notre sommeil ! C’est d’ailleurs pour cela que de bonnes idées nous viennent en nous réveillant.

D’ailleurs, prendre du temps pour imaginer, pour pratiquer la rêverie poétique dont Bachelard vantait les mérites favorise grandement cette incubation latente des idées.

“La philosophie traditionnelle s’occupe de l’homme qui pense, comme si l’homme trouvait toute sa substance, tout son être, dans la pensée. [...] La philosophie oublie qu’avant la pensée, il y a le songe, avant les idées claires et stables, il y a les images qui brillent et qui pensent. Pris dans son intégralité, l’homme est un être qui pense mais qui d’abord imagine, un être qui, éveillé, est d’abord assailli par un monde d’images précises”

En tant que méthode phénoménologique de la connaissance, elle se propose comme une alternative aux apprentissages “par coeur” qui ne laissent aucune place à la libre pensée. Deux articles complets à ce sujet se préparent !

Comment faire, en pratique ?

A présent, concentrons sur nos priorités pour définir une bonne organisation de son temps. Que prioriser ? Nous vous avons proposé notre méthode face au stress, mais celle-ci peut bien sûr s’appliquer dans le cas de l’emploi du temps.

Tout d’abord, il pourrait être intéressant de faire un bilan, de prendre du recul, comme l’artiste se retire à quelques mètres de son œuvre et la contemple dans son intégralité, pour ensuite mieux la retravailler.  Posons-nous les bonnes questions : à quoi sont occupées mes journées ? Comment est-organisé mon temps de travail ? Pourrais-je tenter d’optimiser quelques moments de mon temps ?

Les réponses à ces questions sont souvent très instructives : elles peuvent vous aider à trouver les moments de “perte de temps”, pouvant être utilisés à meilleur escient, mais aussi vous alerter lorsque vous en faites définitivement trop.

Discerner l’utile du superficiel, ce que nous faisons pour nous, ou pour les autres, ce qu’on fait “parce qu’on nous dit qu’il faut faire comme cela ou qu’il faut faire telle chose”, alors que nous n’en n’avons pas forcément besoin.

Arrêtons-nous d’ailleurs un moment sur la tendance bien-être, qui chemine sans aucun doute vers son apogée : la liste des choses qu'il faudrait faire (ou ne pas faire d'ailleurs) pour prendre soin de soi ne semble plus en finir ! Faire coexister une vie active incluant diverses responsabilités avec un rythme plus conscient peut parfois représenter à s’y méprendre à une pression supplémentaire.

Il est alors d’autant plus crucial d’adopter un point de vue objectif (ou plutôt, aussi objectif que possible) sur nos goûts, pour commencer, sur ce dont nous avons besoin, ce qui nous est inutile, et que nous faisons par pure habitude, et donc qu’il serait bon de supprimer, mais aussi simplement sur nos capacités.

Nous n’avons pas tous un cerveau capable de plancher pendant dix heures par jour sur une tâche, six ou sept jours par semaine, 365 jours par an. Nous avons également besoin de temps de repos, ou au moins de moments pendant lesquels nous pensons à d’autres choses, plus légères, où nous pouvons reprendre conscience de ce temps qui passe : l’inertie nous offre une toute autre perception du temps.

Conserver des moments, inscrits dans son agenda, où rien n’est prévu, et surtout ne pas sacrifier ces moments pour du travail (bien plus facile à dire qu’à faire) est crucial, et vous permet de réaffirmer votre importance. De fait, si le temps nous paraît passer plus vite, nous perdons conscience de nous-mêmes, et nous sacrifions nos besoins et ressentis personnels.

Pendant ces moments, faites ce que vous aimez, tout simplement. Nous pourrions vous conseiller des moments de pleine conscience, de yoga, de respiration, mais il faut, en premier lieu, que les activités que vous choisirez de faire vous fassent du bien à VOUS, et seulement à vous.

Vous pouvez également vous arrêtez pour vous remémorer que le temps passe, fait qui nous unie indéniablement aux autres, puisque nous sommes tous soumis au temps :

“le temps de penser marque profondément la pensée. On ne pense peut-être pas la même chose, mais on pense en même temps à quelque chose. Quelle union !” La dialectique de la durée, Bachelard.

Pas de pression non plus de l’autre côté : si, exceptionnellement, vous devez prendre ce temps pour faire autre chose, ce n’est pas dramatique. Le tout est que cela ne se répète pas tous les jours ni toutes les semaines, et que vous déterminiez pourquoi vous avez été obligés de prendre sur ce temps précieux.

D’une manière plus large, prendre soin de votre métabolisme vous permettra de mieux supporter le stress induit par la perception de la vitesse du temps, de mieux profiter des périodes de repos que vous vous octroyez (le repos demande de l’énergie, aussi contre-intuitif que cela peut sembler !) mais aussi, comme nous vous l’avions expliqué dans la première partie, parce que le vieillissement et la détérioration de nos neurones, ralentis grâce au soutien d’un bon métabolisme, sont associés à une perception du temps plus accélérée.

La conclusion de ces deux articles peut se résumer dans cette phrase de Jean Giono :  

“La civilisation a voulu nous persuader que nous allons vers quelque chose, un but lointain. Nous avons oublié que notre seul but, c’est vivre et que vivre nous le faisons chaque jour et tous les jours et qu’à toutes les heures de la journée nous atteignons notre but véritable si nous vivons.”

Zélie Bourez

Rédactrice

Hugo Martinez

co-fondateur du projet résilience
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